Études de cas

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🔎 Chevron et Texaco en Équateur

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La lutte incessante menĂ©e par les communautĂ©s autochtones d’Amazonie Ă©quatorienne pour demander des comptes Ă  Chevron aprĂšs des dĂ©cennies de destruction environnementale et de violations des droits de l’homme, constitue un cas particuliĂšrement symbolique mettant en Ă©vidence le besoin d’une lĂ©gislation internationale contraignante qui prĂ©vienne l’impunitĂ© des entreprises et oblige les pollueurs Ă  assumer leurs responsabilitĂ©s. MalgrĂ© les nombreuses procĂ©dures juridiques engagĂ©es sur plusieurs dĂ©cennies et impliquant plusieurs juridictions internationales, Chevron continue d’échappere avec succĂšs Ă  ses responsabilitĂ©s pour les dommages irrĂ©parables qui continuent de ravager l’Amazonie.

Il y a dĂ©jĂ  plusieurs dĂ©cennies, quand Texaco (devenu Chevron) a dĂ©couvert du pĂ©trole en Équateur au milieu des annĂ©es 60, les communautĂ©s autochtones et les petits exploitants agricoles d’Amazonie ont commencĂ© Ă  connaĂźtre des difficultĂ©s.[1] Pour optimiser les profits, l’entreprise a volontairement ignorĂ© les protections environnementales et les rĂ©glementations sur les dĂ©chets, dĂ©versant des milliards de litres de liquides toxiques dans les riviĂšres - polluant la nappe phrĂ©atique et dĂ©truisant les terres agricoles.[2][3][4]

La pollution causĂ©e par les activitĂ©s de l’entreprise pendant deux dĂ©cennies est Ă  l’origine de prĂ©judices directs irrĂ©parables pour la santĂ© et la vie de plus de 30 000 personnes vivant dans de multiples communautĂ©s.[5] Plusieurs Ă©tudes Ă©valuĂ©es par des pairs ont constatĂ© une augmentation du risque de cancer dans la rĂ©gion.[6] En rĂ©ponse Ă  ces violations, les personnes touchĂ©es ont créé l’Union of the People Affected by Texaco-Chevron Operations (UDAPT) afin de faire valoir leurs droits devant les tribunaux et exiger que l’entreprise soit tenue responsable des consĂ©quences de son action.[7] L’UDAPT affirme que l’entreprise a dĂ©versĂ© 650 000 barils de pĂ©trole brut et prĂšs de 80 milliards de litres de dĂ©chets toxiques dans les riviĂšres et les sols de la jungle amazonienne, provoquant des effets Ă  long terme sur la santĂ© tels que des taux Ă©levĂ©s de cancer, de malformations congĂ©nitales, de fausses couches et de pathologies respiratoires, entre autres affections chroniques.[8][9][10] Et selon Pablo Fajardo, l’un des avocats principaux de l’UDAPT, au moins « 2 000 personnes sont dĂ©cĂ©dĂ©es d’un cancer dĂ» aux toxines, Ă  la pollution de l’eau et de l’air. »[11]

En 1993, l’UDAPT a engagĂ© une action en justice contre l’entreprise aux États-Unis, stratĂ©gie juridique principale pour exiger de celle-ci qu’elle assume ses responsabilitĂ©s, et ainsi obtenir une rĂ©habilitation de l’environnement et rĂ©paration pour les dommages causĂ©s. L’entreprise (qui Ă©tait alors Texaco) a demandĂ© que les poursuites judiciaires soient dĂ©paysĂ©es devant un tribunal de province en Équateur, qui en 2011 (aprĂšs prĂšs de deux dĂ©cennies de procĂšs) avait statuĂ© en faveur de l’UDAPT et condamnĂ© Chevron-Texaco, en dernier ressort, Ă  verser 9,5 milliards de dollars aux communautĂ©s affectĂ©es.[12] Et, malgrĂ© de trĂšs nombreux recours juridiques et diverses procĂ©dures d’appel de la part de l’entreprise, la dĂ©cision prononcĂ©e Ă  l’encontre de Chevron a Ă©tĂ© confirmĂ©e par les plus hautes autoritĂ©s judiciaires du pays. En dĂ©pit de la dĂ©cision confirmant l’une des plus fortes amendes jamais infligĂ©es Ă  une compagnie pĂ©troliĂšre, aucune indemnitĂ© financiĂšre n’a Ă©tĂ© versĂ©e aux plaignants.[13]

Lors du procĂšs de l’UDAPT, Chevron a Ă©galement engagĂ© des poursuites contre le pays devant des juridictions internationales dans le but de mettre en cause les procĂ©dures juridiques et la dĂ©cision judiciaire rendue en Équateur, tout en cherchant Ă  obtenir une indemnisation financiĂšre.[14] Parmi toutes les dĂ©marches juridiques agressives engagĂ©es par l’entreprise, Chevron a commencĂ© Ă  retirer tous ses actifs d’Équateur et a fui le pays pour Ă©viter de payer pour les dĂ©gĂąts causĂ©s.

oil platform

L’entreprise a mĂȘme eu recours Ă  l’arbitrage dans le cadre d’un traitĂ© bilatĂ©ral d’investissement entre l’Équateur et les États-Unis afin de bĂ©nĂ©ficier de dĂ©cisions favorables pour tenter d’échapper Ă  l’amende imposĂ©e en Équateur.[15][16] Au cours de ces procĂ©dures, l’entreprise a fait valoir que le gouvernement Ă©quatorien aurait dĂ» mettre fin au procĂšs intentĂ© par les communautĂ©s et les peuples autochtones, connu sous le nom « Lago Agrio ». L’entreprise a affirmĂ© qu’elle s’était affranchie de ses obligations de rĂ©habilitation environnementale par un accord signĂ© avec le gouvernement en 1996.[17] Dans le cadre de sa stratĂ©gie, et dans le cadre d’un mouvement appelĂ© « harcĂšlement judiciaire » menĂ© par 29 laurĂ©ats du prix Nobel[18], l’entreprise a lancĂ© des accusations de corruption, de pots-de-vin et de fraude lors des procĂšs Ă©quatoriens afin, d’une part, de faire annuler la dĂ©cision initiale et, d’autre part, d’obtenir des centaines de millions de dollars aux frais du gouvernement Ă©quatorien.[19][20][21]

Dans le cadre de la saga judiciaire en cours, les communautĂ©s affectĂ©es se sont adressĂ©es Ă  des tribunaux Ă©trangers pour faire appliquer le verdict Ă©quatorien et cfaire Ă©chouer les tentatives de Chevron d’en appeler Ă  des juridictions internationales favorables afin d’échapper Ă  ses responsabilitĂ©s. Des demandes de solidaritĂ© internationale ont Ă©tĂ© effectuĂ©es par le biais des tribunaux au BrĂ©sil, en Argentine et au Canada lnpe.[22]

Au vu des prĂ©cĂ©dentes dĂ©marches visant Ă  obliger les responsables Ă  rendre des comptes et Ă  la lumiĂšre de la rĂ©cente victoire judiciaire de Chevron ordonnant au pays de payer Ă©ventuellement des millions en frais de justice, Pablo Fajardo dĂ©clare : « Donc, de quelles garanties juridiques, le cas Ă©chĂ©ant, les victimes de crimes commis par les entreprises peuvent-elles se prĂ©valoir ? Absolument aucune. Le pouvoir Ă©conomique s’impose et les entreprises achĂštent leur impunitĂ©. »[23]

Les personnes les plus directement touchĂ©es par les ravages causĂ©s par Chevron en Amazonie Ă©quatorienne se sont vu refuser systĂ©matiquement l’accĂšs Ă  toute forme de justice ou de rĂ©paration. Le cas de Chevron illustre Ă  quel point les entreprises transnationales peuvent Ă©chapper Ă  leurs responsabilitĂ©s et poursuivre leurs activitĂ©s en toute impunitĂ©, en dĂ©pit des graves violations du droit international. Le caractĂšre offensif des dĂ©marches judiciaires engagĂ©es par Chevron auprĂšs de plusieurs juridictions internationales, le recours Ă  des accords commerciaux, les efforts destinĂ©s Ă  devancer de nouvelles actions en responsabilitĂ© et les mesures visant Ă  protĂ©ger l’entreprise en montant des structures complexes. Cette affaire confirme le besoin d’un instrument international qui oblige les entreprises Ă  respecter les droits de la personne tout en offrant aux communautĂ©s des recours, des rĂ©parations et un accĂšs Ă  la justice.[24]

À cet Ă©gard, l’actuelle Ă©laboration d’un instrument international juridiquement contraignant constitue une dĂ©marche prometteuse. En 2014, l’Équateur a parrainĂ© et soutenu le processus du TraitĂ© juridiquement contraignant aux Nations Unies,[25] prĂ©sidĂ© le Groupe de travail intergouvernemental Ă  composition non limitĂ©e sur les sociĂ©tĂ©s transnationales et autres entreprises et les droits de l’homme (OEIGWG).[26] Ce processus fait suite Ă  une rĂ©solution adoptĂ©e par le Conseil des droits de l’homme de l’ONU (CDH), et propose un mandat en vue de l’élaboration d’un instrument juridiquement contraignant afin de rĂ©glementer les activitĂ©s des entreprises transnationales et autres entreprises dans le cadre du droit international des droits de l’homme[27] Pour de plus amples informations sur cet instrument juridiquement contraignant et les moyens de le promouvoir, voir ici.

🔎 Big Tobacco Master Settlement Agreement - Accord principal de rùglement avec les grands cigarettiers

No smoking sign

RĂ©cemment, une attention croissante a Ă©tĂ© accordĂ©e aux similitudes entre les manƓuvres — comme la dĂ©sinformation — de l’industrie du tabac et de l’industrie des combustibles fossiles.[28][29] L’industrie du tabac voulait empĂȘcher l’adoption de mesures de protection de santĂ© publique et, de leur cĂŽtĂ©, les gros pollueurs s’efforcent de retarder les mesures pour rĂ©pondre au changement climatique. Aujourd’hui, alors que les poursuites contre l’industrie des combustibles fossiles s’intensifient, la maniĂšre dont l’industrie du tabac a finalement Ă©tĂ© tenue responsable aux États-Unis donne un Ă©clairage utile Ă  ceux qui souhaiteraient en faire de mĂȘme avec l’industrie des combustibles fossiles et/ou avec d’autres grandes industries polluantes.

Le secteur des combustibles fossiles a dĂ©pensĂ© d’énormes sommes pendant des dĂ©cennies pour influencer ou rĂ©duire au silence les dĂ©bats publics portant sur les effets de leurs produits, en vue d’affaiblir la volontĂ© politique d’agir.[30] Ce n’est pas la premiĂšre fois que des entreprises privilĂ©giant les profits aux personnes causent un prĂ©judice considĂ©rable. L’industrie du tabac a consacrĂ© des centaines de millions de dollars Ă  dĂ©sinformer le grand public sur les dangers du tabac pour la santĂ© et ainsi nuire aux efforts entrepris par la lutte anti-tabac.[31][32]

Aux États-Unis, la vaste campagne menĂ©e par l’industrie du tabac pour tromper le public concernant les risques du tabac pour la santĂ© publique a Ă©tĂ© rĂ©vĂ©lĂ©e grĂące Ă  la divulgation de documents internes. En mai 1994, un lanceur d’alerte a divulguĂ© Ă  la presse des documents internes Ă  l’industrie du tabac – faisant la une des grands journaux dans tout le pays.[33] La couverture mĂ©diatique de ces documents – et l’indignation publique qui a suivi – ont incitĂ© les lanceurs d’alerte du secteur Ă  fournir de nouvelles preuves que l’industrie Ă©tait au courant de la nocivitĂ© de ses produits.

Tout au long de cette annĂ©e, des documents accablants filtrĂšrent au goutte-Ă -goutte, alimentant un flot rĂ©gulier d’articles de presse. Alors que les dirigeants de sept cigarettiers s’efforçaient de dĂ©samorcer toute action en affirmant devant le CongrĂšs qu’ils ne pensaient pas que la nicotine crĂ©ait de dĂ©pendance, quelques jours plus tard, un document interne rendu public rĂ©vĂ©lait qu’ils mentaient.Ces rĂ©vĂ©lations ont donnĂ© lieu Ă  une nette augmentation des poursuites contre l’industrie. Le premier recours collectif contre l’industrie Ă©tait intentĂ©, et les procureurs gĂ©nĂ©raux des États se sont mis Ă  engager des poursuites contre le secteur . Au cours des 18 mois suivants, une douzaine d’États ont portĂ© plainte.

Au moment du Master Settlement Agreement, en 1998, 46 États avaient intentĂ© une action en justice contre les gĂ©ants du tabac. Le Master Settlement Agreement est la plus importante dĂ©cision concernant un litige civil dans l’histoire des États-Unis ; elle s’est traduite par le rĂšglement des poursuites intentĂ©es par les États, les cigarettiers leur payant des milliards de dollars en versements annuels, par de nouvelles restrictions sur la commercialisation du tabac et par la publication de millions de documents internes devenus accessibles au public.[34]

Les rĂ©percussions de ces procĂšs ont Ă©tĂ© immenses. À mesure des poursuites engagĂ©es, l’opinion publique continuait d’évoluer. L’action intentĂ©e par le Minnesota est passĂ©e en justice et a donnĂ© lieu Ă  la divulgation de millions de documents internes accablants.[35] Ces documents – qui faisaient la lumiĂšre de façon indĂ©niable sur les stratĂ©gies employĂ©es par l’industrie pour tromper l’opinion publique et saper la politique de santĂ© publique – ont renforcĂ© la dĂ©termination des dĂ©cideurs du monde entier Ă  prendre des mesures. De fait, enhardis en partie par la publication de ces documents, les dĂ©lĂ©guĂ©s au traitĂ© mondial de l’OMS sur le tabac (Convention-cadre pour la lutte antitabac),[36] ont luttĂ© en faveur de fortes mesures de responsabilisation des entreprises.[37]

Burning cigarette

Aujourd’hui, ce traitĂ© qui constitue un prĂ©cĂ©dent permet de sauver des vies,[38] aprĂšs avoir ouvert la voie Ă  des mesures de protection de la santĂ© publique dans plusieurs pays, partout Ă  travers le monde. Et, en fin de compte, le Master Settlement Agreement a contraint l’industrie du tabac Ă  verser des milliards de dollars en dommages et intĂ©rĂȘts Ă  perpĂ©tuitĂ©. Ces sommes ont permis de compenser l’argent des contribuables consacrĂ© Ă  la lutte contre les maladies liĂ©es au tabac et les pertes subies par les Ă©conomies locales.

La rĂ©cente cascade de poursuites et d’actions intentĂ©es contre l’industrie des combustibles fossiles est le signe Ă©vident d’une nouvelle dynamique en vue de la responsabilisation des industries polluantes pour les dĂ©gĂąts liĂ©s au changement climatique.[39][40] Et, comme le dĂ©montre l’expĂ©rience du Master Settlement Agreement, il est dans l’intĂ©rĂȘt des agents publics de faire progresser les enquĂȘtes sur l’industrie et de divulguer les documents internes qui fournissent les Ă©lĂ©ments propices permettant des actions en justice visant Ă  demander des comptes aux entreprises. Comme l’illustrent les enquĂȘtes sur l’industrie du tabac amĂ©ricaine et le MSA qui en a rĂ©sultĂ©, la divulgation publique et la publication de documents internes des entreprises du secteur des combustibles fossiles (et d’autres industries polluantes) permettraient d’assurer la surveillance et la publicitĂ© permanentes des actes rĂ©prĂ©hensibles. Avant toute chose, la mise en Ɠuvre de cet enseignement permettrait aussi de prĂ©venir les abus des entreprises. La conjugaison de la visibilitĂ© et de l’écho donnĂ©s Ă  ces actions est Ă  terme dĂ©terminante pour faire Ă©voluer l’opinion publique et renforcer la volontĂ© politique nĂ©cessaire Ă  la promotion de la justice climatique dans le monde.

🔎 PĂȘcheurs indiens, Banque mondiale et Cour suprĂȘme des États-Unis

Budha Ismail Jam, et al v. SociĂ©tĂ© financiĂšre internationale est un procĂšs historique intentĂ© par des pĂȘcheurs et des agriculteurs indiens rĂ©sidant au Gujarat, en Inde. Ces pĂȘcheurs et agriculteurs ont engagĂ© une action civile contre la SociĂ©tĂ© financiĂšre internationale (IFC, d’aprĂšs son acronyme anglais) en raison des graves prĂ©judices causĂ©s Ă  l’environnement local, en particulier l’écosystĂšme marin, et des consĂ©quences nĂ©gatives sur le mode de vie traditionnel qui ont pour origine la mĂ©ga-centrale Ă©lectrique au charbon de 4 150 MW situĂ©e Ă  Mundra, exploitĂ©e par le groupe Tata et financĂ©e par l’IFC. L’important secteur de la pĂȘche en Inde comprend plus de 4 millions de pĂȘcheurs et plus de 870 000 familles.[41] Le long de la cĂŽte de l’État du Gujarat, des gĂ©nĂ©rations de communautĂ©s de pĂȘcheurs et d’agriculteurs vivent des ressources naturelles du Gujarat, tout en les prĂ©servant, pour assurer leur subsistance et la production Ă©conomique grĂące Ă  la pĂȘche, l’agriculture, la saliculture et l’élevage.

En avril 2008, le conseil d’administration de l’IFC du Groupe de la Banque mondiale a approuvĂ© un prĂȘt de 450 millions de dollars afin de soutenir la mĂ©ga-centrale Ă©lectrique du groupe Tata Ă  Mundra, dĂ©tenue par sa filiale privĂ©e Coastal Gujarat Power Limited[42] – un projet « Ă  haut risque » qui a ravagĂ© la vie marine, l’eau, les terres agricoles et l’air – forçant les habitants des ports de pĂȘche (appelĂ©s « bunders »)[43][44] Ă  un dĂ©placement physique et Ă©conomique. Bien que la bataille juridique menĂ©e par les pĂȘcheurs et les agriculteurs pour exiger des comptes de la part du plus grand organisme de dĂ©veloppement mondial en raison des abus commis soit toujours en cours, cette affaire met en lumiĂšre les lacunes techniques et juridiques de l’International Organizations Immunities Act (IOIA) – loi de 1945 sur l’immunitĂ© des organisations internationales. Ces lacunes permettent aux institutions internationales, Ă  l’instar du Groupe de la Banque mondiale, d’obtenir l’immunitĂ© « absolue » en cas de prĂ©judices Ă©conomiques et environnementaux causĂ©s par les projets qu’elles financent.[43][44][45] Pour autant, cette affaire crĂ©e un prĂ©cĂ©dent historique qui peut permettre aux communautĂ©s de premiĂšre ligne touchĂ©es par les abus des entreprises de demander des comptes aux institutions internationales qui permettent ces abus (et en sont donc complices).

Les milliards de dollars engagĂ©s par les institutions financiĂšres internationales (IFI) afin de financer des projets de dĂ©veloppement essentiellement en faveur des pays du Sud, dans le cadre de programmes d’ajustement structurel (PAS)[46] , ont un coĂ»t social et environnemental Ă©levĂ© pour les communautĂ©s de premiĂšre ligne, perpĂ©tuant la dĂ©gradation de l’environnement, creusant les inĂ©galitĂ©s et accentuant la pauvretĂ© et la dĂ©pendance.[47][48][49][50][51] Ces PAS sont imposĂ©s aux pays dont la rĂ©glementation est laxiste et qui autorisent des investissements directs Ă©trangers (IDE) plus importants, les diverses rĂ©glementations et normes Ă©tant souvent amoindries voire supprimĂ©es.[52] L’importance de cette affaire rĂ©side dans le dĂ©fi ainsi posĂ© pour les IFI qui continuent de cibler les pays du Sud dans leur quĂȘte de prĂ©servation des intĂ©rĂȘts des entreprises et du systĂšme capitaliste.

Indian fishermen

Dans le sillage du lancement des activitĂ©s de la centrale Tata Ă  Mundra, les pĂȘcheurs indiens rĂ©sidant le long de la cĂŽte du Gujarat ont Ă©tĂ© confrontĂ©s Ă  de sĂ©rieuses menaces pour les ressources marines vitales, notamment les rĂ©serves halieutiques. Les Bunders (ports) les plus proches ont Ă©tĂ© les plus touchĂ©s, avec de gigantesques pollutions thermiques dĂ©gradant l’écosystĂšme marin local et la formation d’une importante couche de poussiĂšre et de cendres volantes dues au transport du charbon entre le port et la centrale, nuisant Ă  la santĂ© et au bien-ĂȘtre de l’environnement et des populations locales.[53][54] Les pĂȘcheurs locaux ont fait Ă©tat de nombreux prĂ©judices environnementaux et physiques, notamment l’aggravation des problĂšmes respiratoires, qui ont affectĂ© de maniĂšre disproportionnĂ©e les personnes ĂągĂ©es, et les tempĂ©ratures exceptionnellement Ă©levĂ©es probablement dues Ă  l’important panache thermique provenant du canal de dĂ©charge de la centrale.[55] MalgrĂ© les engagements contraignants de l’IFC visant Ă  garantir que le projet respecte les conditions sociales et environnementales de l’accord de prĂȘt et le cadre de durabilitĂ© de l’IFC,[56] la centrale de Tata Ă  Mundra a causĂ© des dĂ©gĂąts environnementaux et sociaux sans prĂ©cĂ©dent aux Ă©cosystĂšmes autrefois florissants de l’État du Gujarat.[57]

Bien que l’IFC ait rĂ©pĂ©tĂ© Ă  plusieurs reprises que « l’importance de l’électricitĂ© pour mettre fin Ă  la pauvretĂ© et instaurer la prospĂ©ritĂ© ne peut ĂȘtre sous-estimĂ©e [et que] le manque d’électricitĂ© compromet les possibilitĂ©s d’éducation, de soins de santĂ©, d’accĂšs Ă  l’eau propre, de libertĂ© de mouvement et d’emploi »,[58] le prĂȘt de l’IFC a causĂ© beaucoup plus de mal que de bien. Ce prĂȘt qui a permis de financer la construction de la centrale situĂ©e Ă  Mundra est Ă  l’origine de prĂ©judices directs et irrĂ©parables, notamment les menaces pour la santĂ©, la destruction de biens, la perte de moyens de subsistance, la destruction de l’environnement et le dĂ©placement Ă©conomique et physique.[59][60] En 2011, en rĂ©ponse Ă  ces abus, Machimar Adhikar Sangharsh Sangathan (MASS, association de lutte pour les droits des travailleurs de la pĂȘche) a dĂ©posĂ© une plainte officielle auprĂšs du Conseiller-mĂ©diateur pour l’application des directives (CAO) de l’IFC. Le CAO a publiĂ© des conclusions affirmant que l’IFC n’avait pas pris les mesures nĂ©cessaires pour garantir l’application de l’accord de prĂȘt, et n’avait pas respectĂ© ses engagements envers la communautĂ© locale.[61][62] En 2013, le CAO a diffusĂ© un rapport d’audit et critiquĂ© le rĂŽle jouĂ© par l’IFC eu Ă©gard aux prĂ©judices environnementaux et sociaux considĂ©rables qui ont touchĂ© la cĂŽte du Gujarat. En dĂ©pit de ces affirmations fondĂ©es, l’IFC a finalement rejetĂ© ou ignorĂ© la plupart des conclusions du CAO.[63][64]

En avril 2015, au nom d’un groupe de pĂȘcheurs et d’agriculteurs locaux, EarthRights International (ERI) a intentĂ© une action en justice contre l’IFC devant la Cour fĂ©dĂ©rale de Washington, D.C., oĂč l’IFC a son siĂšge.[65] ERI reprĂ©sentait la MASS (l’organisation de pĂȘcheurs) et le Navinal Panchayat (village), une entitĂ© publique locale.[66] L’IFC a toutefois dĂ©posĂ© une requĂȘte en irrecevabilitĂ© de la plainte, invoquant l’immunitĂ© « absolue » Ă  l’égard de poursuites devant les tribunaux amĂ©ricains en vertu de la loi sur l’immunitĂ© des entreprises,[67] – une notion confirmĂ©e par le juge du tribunal de district. Lorsque les plaignants ont fait appel,[68] la Cour d’appel des États-Unis pour le circuit du district de Columbia a confirmĂ© la dĂ©cision du circuit de Washington D.C., faisant droit Ă  la demande d’« immunitĂ© absolue » de l’IFC.[69]

Le 27 fĂ©vrier 2019, une dĂ©cision historique a jugĂ© que les organisations internationales,[70] y compris le Groupe de la Banque mondiale, pouvaient ĂȘtre poursuivies devant les tribunaux amĂ©ricains Ă  raison de leurs activitĂ©s commerciales.[71][72] Bien que le jugement constitue un prĂ©cĂ©dent inouĂŻ en matiĂšre de responsabilisation, l’IFC a dĂ©posĂ© une nouvelle requĂȘte en vue de dĂ©bouter le demandeur.[73] Un an plus tard, en fĂ©vrier 2020, la demande de rejet de l’IFC a Ă©tĂ© accordĂ©e et le juge a statuĂ© que « la poursuite n’est pas, dans son essence, fondĂ©e sur une activitĂ© – commerciale ou autre – menĂ©e ou exercĂ©e aux États-Unis ».[74] L’affaire se poursuivant devant les tribunaux amĂ©ricains, Budha Ismail Jam a dĂ©clarĂ© : « Pour sauver nos moyens de subsistance et protĂ©ger notre environnement pour les gĂ©nĂ©rations futures, nous ne voyons pas d’autre solution. Nous savons que nous faisons face Ă  une institution riche et puissante, mais nous sommes dĂ©terminĂ©s Ă  faire entendre notre voix. Nous continuerons Ă  demander justice. »[75]

Indian fishermen

Dans le cadre de la bataille juridique en cours entre les pĂȘcheurs et les agriculteurs d’une part, et l’IFC d’autre part, cette affaire remet fondamentalement en question la portĂ©e de l’immunitĂ© des institutions internationales face aux poursuites judiciaires et amĂšne Ă  se demander dans quelles mesures les institutions financiĂšres internationales telles que l’IFC peuvent ĂȘtre tenues lĂ©galement responsables des prĂ©judices environnementaux, sociaux et Ă©conomiques causĂ©s Ă  travers les projets qu’elles financent. Si la responsabilitĂ© de l’IFC est confirmĂ©e, la dĂ©cision crĂ©era ainsi un prĂ©cĂ©dent et il sera plus difficile pour les institutions internationales, y compris pour la Banque mondiale, de nĂ©gliger leur devoir moral et leur obligation de protĂ©ger les personnes et l’environnement au lieu de privilĂ©gier les profits. Si justice est rendue aux pĂȘcheurs et aux agriculteurs du Gujarat, d’autres communautĂ©s seront Ă©galement incitĂ©es Ă  demander des comptes Ă  l’IFC et Ă  engager des poursuites.

Toutefois, les pĂȘcheurs et les communautĂ©s agricoles sont confrontĂ©s Ă  d’importantes difficultĂ©s et carences, car les recours juridiques demandent beaucoup de temps, parfois des annĂ©es. Et malgrĂ© la dĂ©cision historique de la Cour suprĂȘme des États-Unis, la centrale de Tata Ă  Mundra continue de polluer les terres et les eaux du Gujarat, dĂ©tĂ©riorant les Ă©cosystĂšmes au fil du temps.

Cette affaire constitue une Ă©tape importante en vue de garantir que les organismes financeurs comme les IFI soient tenus responsables des prĂ©judices causĂ©s par les projets qu’ils financent, bien qu’il convienne Ă©galement de noter qu’outre ces prĂ©judices, chercher Ă  obtenir justice exige un temps, des ressources et une Ă©nergie considĂ©rables de la part des communautĂ©s en premiĂšre ligne.

Les dĂ©marches incessantes de l’IFC visant Ă  utiliser l’IOIA comme prĂ©texte pour faire fi de ses responsabilitĂ©s renforcent la nĂ©cessitĂ© d’une interprĂ©tation plus claire de cette loi mais aussi de la Foreign Sovereign Immunities Act (FSIA) – loi relative Ă  l’immunitĂ© souveraine – en termes d’immunitĂ© absolue et restrictive. Cela Ă©tant dit, tout le monde ne peut pas demander rĂ©paration face Ă  des dommages environnementaux, sociaux ou Ă©conomiques. Au mĂȘme titre que d’autres institutions internationales, l’IFC doit amĂ©liorer ses mĂ©canismes internes de rĂ©clamation afin de donner la prioritĂ© aux communautĂ©s locales, renforcer l’engagement communautaire et faire des recours un outil essentiel pour les victimes de violations des droits de l’homme, dans le cadre de ses activitĂ©s internationales.

En outre, les institutions et les organisations doivent rĂ©flĂ©chir Ă  l’importance de la responsabilisation et des recours, avant mĂȘme que de tels projets ne soient conçus, mis en Ɠuvre et enfin financĂ©s.

🔎 PrimautĂ© des droits de la nature

Forest

L’Équateur, la Bolivie, l’Inde et la Nouvelle-ZĂ©lande sont tous Ă  l’origine de premiĂšres mesures destinĂ©es Ă  reconnaĂźtre officiellement les droits de la nature, f et Ă  concrĂ©tiser rĂ©solument la primautĂ© des droits de la nature et des droits de la personne par-dessus tout. Voici un aperçu de la situation dans chaque pays :

  • Équateur : en 2008, Ă  l’issue d’un rĂ©fĂ©rendum national, l’Équateur a amendĂ© sa constitution afin de prendre en considĂ©ration les droits de la nature.[78] Ce pays Ă©tait le tout premier Ă  prendre de telles mesures. Selon la constitution Ă©quatorienne, la Pachamama (la Terre-MĂšre) a le droit Ă  « ce que soient intĂ©gralement respectĂ©s son existence, le maintien et la rĂ©gĂ©nĂ©ration de ses cycles vitaux, sa structure, ses fonctions et ses processus Ă©volutifs. » Chaque personne, chaque communautĂ© a le droit de plaider en son nom. La Pachamama Ă©chappe ici Ă  toute personnification directe. Elle est, au contraire, titulaire de droits en tant que « nature », distincte des « personnes, des peuples, des communautĂ©s et des nationalitĂ©s » et des « personnes physiques et morales. »
  • Bolivie : la reconnaissance juridique de la « Terre-MĂšre » en 2010 relĂšve d’un « intĂ©rĂȘt public collectif. »[79] PlutĂŽt que d’attribuer directement une personnalitĂ© juridique Ă  la nature, la loi bolivienne en appelle Ă  la domination des ĂȘtres humains sur le reste de la nature. Ainsi, toute la nature, y compris les ĂȘtres humains, a des droits « humains » que la loi Ă©numĂšre. Cette dĂ©marche est liĂ©e au fondement holistique de la loi — protĂ©ger la nature en tant que systĂšme, et non simplement des forĂȘts, des cours d’eau, des lacs, etc.
  • Inde : les avancĂ©es des droits de la nature permettent d’envisager d’attribuer des droits Ă  des Ă©lĂ©ments naturels distincts, dans un cadre juridique granulaire favorable Ă  la protection de la nature, plutĂŽt que protĂ©ger la nature dans son ensemble, au sens large. En 2012, un procĂšs de la Cour suprĂȘme indienne a reconnu qu’il Ă©tait lĂ©gitime de tenir compte juridiquement des conceptions non anthropocentriques de la protection de la nature.[80] Le procĂšs Animal Welfare Board of India contre A. Nagaraja a permis d’étendre l’article 21 de la constitution indienne relatif au droit Ă  la vie Ă  des animaux non humains. En 2013, le ministĂšre de l’Environnement et des ForĂȘts de l’Inde a dĂ©clarĂ© que les cĂ©tacĂ©s Ă©taient des « personnes non humaines » pour tenter de les protĂ©ger des dangers qui les menacent. En mars 2017, un tribunal indien a accordĂ© des droits individuels au bassin du Gange – qui est aussi menacĂ© au plan Ă©cologique qu’il est important au plan environnemental.

Elephant

  • Nouvelle-ZĂ©lande : en Nouvelle-ZĂ©lande, comme en Équateur et en Bolivie, les droits de la nature sont devenus une rĂ©alitĂ©, en grande partie en raison de l’influence de la vision autochtone des liens entre les ĂȘtres humains et le monde.[81] Aux yeux d’une tribu maorie (iwi), d’une sous-tribu (hapu) ou d’un groupe de famille Ă©largie (whanau), telle riviĂšre ou telle montagne peut ĂȘtre un ancĂȘtre (tupuna). Cette gĂ©nĂ©alogie – ou whakapapa – est essentielle dans la vision du monde des Maoris. Leur idĂ©e de la personnalitĂ© environnementale a rapidement Ă©tĂ© reprise dans des dĂ©cisions visant Ă  attribuer une personnalitĂ© Ă  la riviĂšre Whanganui et Ă  la forĂȘt Te Urewera. En 2014, le projet de loi fondĂ© sur l’accord entre le gouvernement et une tribu maorie concernant la personnification de Te Urewera a acquis force de loi, crĂ©ant ainsi la premiĂšre personne juridique environnementale en Nouvelle-ZĂ©lande. Le statut de la riviĂšre Whanganui a rapidement emboĂźtĂ© le pas.

Mountain range

Il est essentiel de noter que dans ces quatre cas, le fait de confĂ©rer des droits Ă  la nature dans ces pays ne s’est pas encore concrĂ©tisĂ© par une mise en Ɠuvre ayant permis de renforcer de maniĂšre tangible l’accĂšs Ă  la justice ou de faire progresser la responsabilisation. Dans certains cas, on craint que cette mesure, prise isolĂ©ment et sans dispositions d’application complĂ©mentaires dans le cadre de cette feuille de route, puisse donner l’impression de dĂ©fendre la justice et la responsabilitĂ© sans rĂ©ellement passer Ă  l’acte. Il est Ă©galement important que toutes les mesures prises pour protĂ©ger les droits de la nature renforcent et soutiennent les droits des personnes, des communautĂ©s locales (notamment les paysans, les pĂȘcheurs, les populations nomades et rurales), des peuples autochtones ainsi que les droits collectifs, plutĂŽt que de favoriser l’un au dĂ©triment de l’autre. Plus d’informations ici sur les moyens d’instaurer les droits de la nature de maniĂšre Ă  promouvoir l’obligation de rendre des comptes pour les industries polluantes et de rendre justice aux personnes.


Retour Ă  la feuille de route sur la responsabilisation

1 Aldo Orellana LĂłpez, “Chevron vs Ecuador: international arbitration and corporate impunity,” openDemocracy, March 27, 2019, https://www.opendemocracy.net/en/democraciaabierta/chevron-vs-ecuador-international-arbitration-and-corporate-impunity/.

2 James North, “How a Human Rights Lawyer Went From Hero to House Arrest,” The Nation, March 31, 2020, https://www.thenation.com/article/activism/steven-donziger-chevron/.

3  “Chevron wins Ecuador rainforest ‘oil dumping’ case,” BBC News, September 8, 2018, https://www.bbc.com/news/world-latin-america-45455984.

4 Rex Weyler, “Steven Donziger: The man who stood up to an oil giant, and paid the price,” Greenpeace, February 26, 2020, https://www.greenpeace.org/international/story/28741/steven-donziger-chevron-oil-amazon-contamination-injustice/

5 “Who We Are,” Texaco Toxico, accessed August 25, 2020, http://texacotoxico.net/en/who-we-are/.

6 Lago Agrio Legal Team, “Summary of Independent Health Evaluations of Area of Ecuador’s Rainforest Where Chevron Operated from 1964 to 1990,” Clean up Ecuador Campaign, accessed August 25, 2020, https://chevroninecuador.org/assets/docs/cancer-summary.pdf

7 “Who We Are,” Texaco Toxico, accessed August 25, 2020, http://texacotoxico.net/en/who-we-are/.

8 Willian Lucitante Criollo, “Call of the People Affected by Texaco to Chevron’s Shareholders,” Union of people affected by the oil operations of Texaco (now Chevron), May 21, 2018, http://texacotoxico.net/en/call-of-the-people-affected-by-texaco-to-chevrons-shareholders/

9 “The Chevron Case in Ecuador: Corporate Impunity,” The Global Campaign to Reclaim Peoples Sovereignty, Dismantle Corporate Power and Stop Impunity, accessed August 25, 2020, https://www.stopcorporateimpunity.org/chevron-impunity-in-ecuador/.

10 Aldo Orellana LĂłpez, “Chevron vs Ecuador: international arbitration and corporate impunity,” openDemocracy, March 27, 2019, https://www.opendemocracy.net/en/democraciaabierta/chevron-vs-ecuador-international-arbitration-and-corporate-impunity/.

11 Aldo Orellana LĂłpez, “Chevron vs Ecuador: international arbitration and corporate impunity,” openDemocracy, March 27, 2019, https://www.opendemocracy.net/en/democraciaabierta/chevron-vs-ecuador-international-arbitration-and-corporate-impunity/.

12 “The Case,” Texaco Toxico, accessed August 25, 2020, http://texacotoxico.net/en/the-case/.

13 Jonathan Watts, “Nobel laureates condemn 'judicial harassment' of environmental lawyer,” The Guardian, April 18, 2020, https://www.theguardian.com/world/2020/apr/18/nobel-laureates-condemn-judicial-harassment-of-environmental-lawyer.

14 Aldo Orellana LĂłpez, “Chevron vs Ecuador: international arbitration and corporate impunity,” openDemocracy, March 27, 2019, https://www.opendemocracy.net/en/democraciaabierta/chevron-vs-ecuador-international-arbitration-and-corporate-impunity/.

15 Rex Weyler, “Steven Donziger: The man who stood up to an oil giant, and paid the price,” Greenpeace, February 26, 2020, https://www.greenpeace.org/international/story/28741/steven-donziger-chevron-oil-amazon-contamination-injustice/

16 Aldo Orellana LĂłpez, “Chevron vs Ecuador: international arbitration and corporate impunity,” openDemocracy, March 27, 2019, https://www.opendemocracy.net/en/democraciaabierta/chevron-vs-ecuador-international-arbitration-and-corporate-impunity/.

17 “The Case,” Texaco Toxico, accessed August 25, 2020, http://texacotoxico.net/en/the-case/.

18 Jonathan Watts, “Nobel laureates condemn 'judicial harassment' of environmental lawyer,” The Guardian, April 18, 2020, https://www.theguardian.com/world/2020/apr/18/nobel-laureates-condemn-judicial-harassment-of-environmental-lawyer.

19 “Chevron wins Ecuador rainforest ‘oil dumping’ case,” BBC News, September 8, 2018, https://www.bbc.com/news/world-latin-america-45455984.

20 “Chevron/Texaco in Ecuador: Impunity for Corporate Crimes Secured by the Injustice of a Commercial Court,” Texaco Toxico press release, September 12, 2018, on the Texico Toxico website, https://www.stopcorporateimpunity.org/chevron-texaco-in-ecuador-trade-arbitration-tribunal-rules-in-favour-of-corporate-crimes/?lang=es., accessed August 25, 2020.

21 Aldo Orellana LĂłpez, “Chevron vs Ecuador: international arbitration and corporate impunity,” openDemocracy, March 27, 2019, https://www.opendemocracy.net/en/democraciaabierta/chevron-vs-ecuador-international-arbitration-and-corporate-impunity/.

22 “The Case,” Texaco Toxico, accessed August 25, 2020, http://texacotoxico.net/en/the-case/.

23 Aldo Orellana LĂłpez, “Chevron vs Ecuador: international arbitration and corporate impunity,” openDemocracy, March 27, 2019, https://www.opendemocracy.net/en/democraciaabierta/chevron-vs-ecuador-international-arbitration-and-corporate-impunity/.

24 “End Chevron’s Impunity! An International Treaty on Human Rights and Transnational Corporations is Urgently Needed!,” Texico Toxico, accessed August 25, 2020, https://www.stopcorporateimpunity.org/end-chevrons-impunity-an-international-treaty-on-human-rights-and-transnational-corporations-is-urgently-needed/.

25 Global Campaign to Reclaim People's Sovereignty, Dismantle Corporate Power and Stop Impunity. Treaty on Transnational Corporations and Their Supply Chains with Regard to Human Rights: Treaty Text Proposal, October 2017, accessed August 25, 2020, https://www.stopcorporateimpunity.org/treaty-transnational-corporations-supply-chain-regard-human-rights/.

26 United Nations Human Rights Council. "Open-ended intergovernmental working group on transnational corporations and other business enterprises with respect to human rights," IGWG on TNCs, accessed August 25, 2020, https://www.ohchr.org/EN/HRBodies/HRC/WGTransCorp/Pages/IGWGOnTNC.aspx.

27 General Assembly resolution 26/9, Elaboration of an international legally binding instrument on transnational corporations and other business enterprises with respect to human rights, A/RES/26/9 (14 July 2014), available from https://ap.ohchr.org/documents/dpage_e.aspx?si=A/HRC/RES/26/9

28 Justine Calma, “To Take down Big Oil, opponents are following the Big Tobacco playbook,” The Verge, October 23, 2019, https://www.theverge.com/2019/10/23/20927522/exxonmobil-trial-big-oil-big-tobacco-investors-environmental-regulations

29 Rachel Koning Beals, “Big Oil’s stalled response to climate change is straight out of Big Tobacco playbook, report says, as Exxon trial to begin,” MarketWatch, October 26, 2019, https://www.marketwatch.com/story/fossil-fuel-climate-stalling-straight-out-of-big-tobacco-playbook-experts-say-as-exxon-court-case-to-begin-2019-10-21.

30 John Cook, Geoffrey Supran, Stephan Lewandowsky, Naomi Oreskes, Ed Maibach, America Misled: How the fossil fuel industry deliberately misled Americans about climate change, (Fairfax, VA: George Mason University Center for Climate Change Communication, 2019), Available at https://www.climatechangecommunication.org/america-misled/.

31 Nobert Hirschhorn, “Book Reviews,” review of Globalizing Tobacco Control: Anti-Smoking Campaigns in California, France, and Japan (Tracking Globalization), by Roddey Reid, Tobacco Control, July 2006, https://doi.org/10.1136/tc.2007.021311.

32 Robert N. Proctor, Golden Holocaust: Origins of the Cigarette Catastrophe and the Case for Abolition (Berkeley and Los Angeles, CA: University of California Press, 2011). 

33 “Inside the Tobacco Deal,” Full Chronology, PBS Frontline, accessed August 25, 2020, https://www.pbs.org/wgbh/pages/frontline/shows/settlement/timelines/fullindex.html.

34 “Master Settlement Agreement,” Truth Initiative, accessed August 25, 2020, https://truthinitiative.org/who-we-are/our-history/master-settlement-agreement.

35 Cathy Wurzer and Julia Franz, “Minnesota's landmark tobacco settlement is 20 years old,” MPR News, May 8, 2018, https://www.mprnews.org/story/2018/05/08/minnesotas-landmark-tobacco-settlement-is-20-years-old.

36 “WHO Framework Convention on Tobacco Control,” World Health Organization, accessed August 25, 2020, https://www.who.int/fctc/en/.

37 Public Health Law Center. "Minnesota Litigation and Settlement," Commercial Tobacco Control Litigation, 2020, accessed August 25, 2020, https://www.publichealthlawcenter.org/topics/commercial-tobacco-control/commercial-tobacco-control-litigation/minnesota-litigation-and.

38 WHO Framework Convention on Tobacco Control. "WHO FCTC: 15 years protecting and saving lives," February 27, 2020, accessed August 25, 2020, https://www.who.int/fctc/mediacentre/news/2020/15-years-protecting-and-saving-lives/en/.

39 J. Setzer and R. Byrnes. Global trends in climate change litigation: 2019 snapshot, Grantham Research Institute on Climate Change and the Environment and Centre for Climate Change Economics and Policy, London School of Economics and Political Science, 2019, accessed August 25, 2020, https://www.lse.ac.uk/GranthamInstitute/wp-content/uploads/2019/07/GRI_Global-trends-in-climate-change-litigation-2019-snapshot-2.pdf.

40 Jennifer Hijazi, "Climate liability is on the rise. Here's what it looks like," E&E News, August 5, 2019, https://www.eenews.net/stories/1060850731.

41 Government of India (Ministry of Agriculture) and Central Marine Fisheries Research Institute. Marine Fisheries Census 2010: India, 2010, accessed August 25, 2020, http://eprints.cmfri.org.in/8998/1/India_report_full.pdf.

42 International Finance Corporation. "IFC Invests in India’s Coastal Gujarat Power, Expanding Access to Electricity," World Bank Group, April 8, 2008, accessed August 25, 2020, https://ifcext.ifc.org/ifcext/pressroom/IFCPressRoom.nsf/0/86ED0EF54D3C3B7885257426004D8AF8?OpenDocument.

43 EarthRights International. "Budha Ismail Jam, et al v. IFC: An Indian fishing community takes on the World Bank," 2020, accessed August 25, 2020, https://earthrights.org/case/budha-ismail-jam-et-al-v-ifc/#timelineff69-1a905f26-f4b6.

44 Compliance Advisor Ombudsman (CAO). "India / Tata Ultra Mega-01/Mundra and Anjar," South Asia, International Finance Corporation, November 9, 2017, accessed August 25, 2020, http://www.cao-ombudsman.org/cases/case_detail.aspx?id=171.

45 ESCR-Net. "Budha Ismail Jam et al. v. International Finance Corporation: Landmark Ruling Restricts Immunity of the International Finance Corporation of the World Bank Group," 2019, accessed August 25, 2020, https://www.escr-net.org/caselaw/2019/budha-ismail-jam-et-al-v-international-finance-corporation.

46 EarthRights International. "Budha Ismail Jam, et al v. IFC: An Indian fishing community takes on the World Bank," 2020, accessed August 25, 2020, https://earthrights.org/case/budha-ismail-jam-et-al-v-ifc/#timelineff69-1a905f26-f4b6.

47 Jam et al. v. International Finance Corp., 586 U.S. 1 (D.C. 2019) 

48 IMF Annual Report 2019: Our Connected World, (Washington, D.C.: International Monetary Fund, 2019), 29, https://www.imf.org/external/pubs/ft/ar/2019/eng/assets/pdf/imf-annual-report-2019.pdf.

49 Michael Thomson, Alexander Kentikelenis, and Thomas Stubbs, “Structural adjustment programmes adversely affect vulnerable populations: a systematic-narrative review of their effect on child and maternal health,” Public Health Reviews 38, no. 13 (2017): 2, https://doi.org/10.1186/s40985-017-0059-2.

50 Waiswa Nkwanga, “The Ebola crisis in West Africa and the enduring legacy of the Structural Adjustment Policies,” London School of Economics and Political Science, January 26, 2015, https://blogs.lse.ac.uk/africaatlse/2015/01/26/the-ebola-crisis-in-west-africa-and-the-enduring-legacy-of-the-structural-adjustment-policies/

51 What are the main criticisms of the World Bank and IMF?, (London, U.K.: Bretton Woods Project, June 2019), 2, https://www.brettonwoodsproject.org/wp-content/uploads/2019/06/Common-Criticisms-FINAL.pdf.

52 The Policy Roots of Economic Crisis and Poverty: A Multi-Country Participatory Assessment of Structural Adjustment, (Washington, D.C.: Structural Adjustment Participatory Review Initiative (SAPRI) and the Citizens’ Assessment of Structural Adjustment (CASA), April 2002), 173-187, http://www.saprin.org/SAPRIN_Findings.pdf.

53 Aparna Gopalan, “The Science of (Not) Ending Global Poverty,” The Nation, January 15, 2020, https://www.thenation.com/article/archive/nobel-poverty-economics-duflo/.

54 The Policy Roots of Economic Crisis and Poverty: A Multi-Country Participatory Assessment of Structural Adjustment, (Washington, D.C.: Structural Adjustment Participatory Review Initiative (SAPRI) and the Citizens’ Assessment of Structural Adjustment (CASA), April 2002), 60-61, http://www.saprin.org/SAPRIN_Findings.pdf.

55 Premal Balan, “Gujarat fishermen sue IFC in US Court for funding Tata Power’s Mundra UMPP,” The Times of India, May 6, 2015, https://timesofindia.indiatimes.com/india/Gujarat-fishermen-sue-IFC-in-US-Court-for-funding-Tata-Powers-Mundra-UMPP/articleshow/47161150.cms.

56 EarthRights International. "Budha Ismail Jam, et al v. IFC: An Indian fishing community takes on the World Bank," 2020, accessed August 25, 2020, https://earthrights.org/case/budha-ismail-jam-et-al-v-ifc/#timelineff69-1a905f26-f4b6.

57 Pratap Chatterjee. “Fishing Community Sues World Bank Over Tata Mundra Power Plant, CorpWatch Blog, May 1, 2015, accessed August 25, 2020, https://corpwatch.org/article/fishing-community-sues-world-bank-over-tata-mundra-power-plant.

58 International Finance Corporation. "IFC Sustainability Framework," accessed August 25, 2020, https://www.ifc.org/wps/wcm/connect/topics_ext_content/ifc_external_corporate_site/sustainability-at-ifc/policies-standards/sustainability+framework.

59 EarthRights International. "Budha Ismail Jam, et al v. IFC: An Indian fishing community takes on the World Bank," 2020, accessed August 25, 2020, https://earthrights.org/case/budha-ismail-jam-et-al-v-ifc/#timelineff69-1a905f26-f4b6.

60 Matt Kenard and Claire Provost. "Fishermen and farmers sue World Bank lending arm over power plant in India," The Guardian, November 10, 2015, accessed August 25, 2020, https://www.theguardian.com/global-development/2015/nov/10/fishermen-farmers-sue-world-bank-lending-arm-ifc-power-plant-india.

61 EarthRights International. "Budha Ismail Jam, et al v. IFC: An Indian fishing community takes on the World Bank," 2020, accessed August 25, 2020, https://earthrights.org/case/budha-ismail-jam-et-al-v-ifc/#timelineff69-1a905f26-f4b6.

62 Compliance Advisor Ombudsman (CAO). "India / Tata Ultra Mega-01/Mundra and Anjar," South Asia, International Finance Corporation, November 9, 2017, accessed August 25, 2020, http://www.cao-ombudsman.org/cases/case_detail.aspx?id=171.

63 Compliance Advisor Ombudsman (CAO). "India / Tata Ultra Mega-01/Mundra and Anjar," South Asia, International Finance Corporation, November 9, 2017, accessed August 25, 2020, http://www.cao-ombudsman.org/cases/case_detail.aspx?id=171.

64 Machimar Adhikar Sangharsh Sangathan. "CAO found IFC made serious lapses in funding Tata coal plant; President Kim rejects expert findings, thwarts further action," Bank Information Center, October 24, 2013, accessed August 25, 2020, https://bankinformationcenter.cdn.prismic.io/bankinformationcenter%2Fd28edc91-73ca-48e3-a77d-ca4c2a13fa80_mass-press-release-10-24-131.pdf.

65 Compliance Ombudsman Office (CAO). CAO Audit of IFC Investment in Coastal Gujarat Power Limited, India, International Finance Corporation , August 22, 2013, accessed August 25, 2020, http://www.cao-ombudsman.org/cases/document-links/documents/CAOAuditReportC-I-R6-Y12-F160.pdf.

66 Compliance Ombudsman Office (CAO). CAO Audit of IFC Investment in Coastal Gujarat Power Limited, India, International Finance Corporation , August 22, 2013, accessed August 25, 2020, http://www.cao-ombudsman.org/cases/document-links/documents/CAOAuditReportC-I-R6-Y12-F160.pdf.

67 EarthRights International. "Budha Ismail Jam, et al v. IFC: An Indian fishing community takes on the World Bank," 2020, accessed August 25, 2020, https://earthrights.org/case/budha-ismail-jam-et-al-v-ifc/#timelineff69-1a905f26-f4b6.

68 EarthRights International. "Budha Ismail Jam, et al v. IFC: An Indian fishing community takes on the World Bank," 2020, accessed August 25, 2020, https://earthrights.org/case/budha-ismail-jam-et-al-v-ifc/#timelineff69-1a905f26-f4b6.

69 EarthRights International. "Budha Ismail Jam, et al v. IFC: DEFENDANT INTERNATIONAL FINANCE CORPORATION’S MEMORANDUM OF LAW IN SUPPORT OF ITS MOTION TO DISMISS, July 1, 2015, accessed August 25, 2020, https://earthrights.org/wp-content/uploads/ifc_motion_to_dismiss-1.pdf.

70 EarthRights International. "Budha Ismail Jam, et al v. IFC: PLAINTIFFS’ MEMORANDUM OF LAW IN OPPOSITION TO DEFENDANT’S MOTION TO DISMISS THE COMPLAINT, September 18, 2015, accessed August 25, 2020, https://earthrights.org/wp-content/uploads/Jam-v.-IFC-Plfs-Opp-to-MTD-filed-copy.pdf.

71 EarthRights International. "Budha Ismail Jam, et al v. IFC: MEMORANDUM OPINION, March 24, 2016, accessed August 25, 2020, https://earthrights.org/wp-content/uploads/Jam-v.-IFC-Plfs-Opp-to-MTD-filed-copy.pdf.

72 Supreme Court of the United States. "Jam, et al v. International Finance Corp.: CERTIORARI TO THE UNITED STATES COURT OF APPEALS FOR THE DISTRICT OF COLUMBIA CIRCUIT, February 27, 2019, accessed August 25, 2020, https://www.supremecourt.gov/opinions/18pdf/17-1011_mkhn.pdf.

73 Bretton Woods Project. "US Supreme Court rules against World Bank’s claim of absolute immunity," April 4, 2019, accessed August 25, 2020, https://www.brettonwoodsproject.org/2019/04/us-supreme-court-rules-against-world-banks-claim-of-absolute-immunity/.

74 Rina Chandran. "Indian fishermen hail U.S. Supreme Court decision to hear World Bank suit," Reuters, May 22, 2018, accessed August 25, 2020, https://www.reuters.com/article/us-india-landrights-lawsuit/indian-fishermen-hail-u-s-supreme-court-decision-to-hear-world-bank-suit-idUSKCN1IN0TO.

75 EarthRights International. "Budha Ismail Jam, et al v. IFC: DEFENDANT INTERNATIONAL FINANCE CORPORATION’S REPLY MEMORANDUM OF LAW IN FURTHER SUPPORT OF ITS RENEWED MOTION TO DISMISS THE COMPLAINT," September 19, 2019, accessed August 25, 2020, https://earthrights.org/wp-content/uploads/District-Court-IFC-Reply-Brief-in-Support-of-Renewed-Motion-to-Dismiss-September-2019.pdf.

76 EarthRights International. "Budha Ismail Jam, et al v. IFC: MEMORANDUM OPINION ," February 14, 2020, accessed August 25, 2020, https://earthrights.org/wp-content/uploads/District-Court-Order-Granting-Motion-to-Dismiss-February-2020.pdf.

77 EarthRights International. "Farmers and Fishermen to Challenge World Bank Group Immunity Ruling," February 18, 2020, accessed August 25, 2020, https://earthrights.org/media/farmers-and-fishermen-to-challenge-world-bank-group-immunity-ruling/.

78 G.J. Gordon. “Environmental Personhood,” Columbia Journal of Environmental Law, 43, no. 1, 2019, https://doi.org/10.7916/cjel.v43i1.3742.

79 G.J. Gordon. “Environmental Personhood,” Columbia Journal of Environmental Law, 43, no. 1, 2019, https://doi.org/10.7916/cjel.v43i1.3742.

80 G.J. Gordon. “Environmental Personhood,” Columbia Journal of Environmental Law, 43, no. 1, 2019, https://doi.org/10.7916/cjel.v43i1.3742.

81 G.J. Gordon. “Environmental Personhood,” Columbia Journal of Environmental Law, 43, no. 1, 2019, https://doi.org/10.7916/cjel.v43i1.3742.